Les masques que l'on porte : de protection à libération dans le contexte entrepreneurial
Peut-on réellement montrer notre vrai visage comme entrepreneur? Peut-on concilier notre besoin instinctif de protection avec notre profond désir d'authenticité dans un contexte commercial?

Quand j'avais 7 ans, ma mère me trouvait très timide et réservée. Elle m'a donc inscrite à un cours de théâtre.
Au-delà la fable de la Cigale et la Fourmi (que je peux encore réciter aujourd'hui), un des exercices gravé dans ma mémoire était le jeu des masques, ces objets à la fois fascinants et inquiétants qui, une fois posés sur le visage, métamorphosent complètement la personne qui les porte.
Ce qui m'avait frappée alors c'est que derrière ces surfaces lisses et immobiles, on disparaît complètement. Ceux qu'on croyait connaître deviennent soudainement des étrangers; des écrans parfaits pour nos projections, nos désirs et nos peurs.
En grandissant, j'ai réalisé que nous adoptons presque tous instinctivement ces façades subtiles. Les masques blancs du théâtre laissent place aux traits invisibles, derrière lesquels nous disparaissons sous une illusion de professionnalisme, de comportements empruntés, d'acceptabilité socialisée.
En tant que femmes, ces masques deviennent pratiquement une seconde peau. Ils hantent nos interactions sociales, nos performances relationnelles et nos identités publiques et privées.
Après tout, qui ici se maquille le matin pour avoir la pêche?
Qui met un sourire sur son visage au moment de sortir de la maison?
Qui acquiesce gentiment au beau-frère ennuyant lors du souper de Noël?
Et surtout, qui ici adopte sa posture "professionnelle" pour parler à ses clients, à ses collègues et à ses patrons?
Les masques sociaux sont associés au savoir-être.
Ce sont les codes que nous acceptons de suivre, les façons de bouger, de s'habiller et d'interagir qui nous permettent de co-exister aux côtés de relatifs inconnus tout en restant relativement protégés. En adoptant les "bons" masques, nous arrivons à maintenir la paix et les bonnes relations.
Du moins, c’est ce que l’on croit.
Car le problème surgit quand le masque commence à déranger, quand il se fait sentir... et quand il se sent embrouillé par un nouvel impératif: celui de l'authenticité.
Ce n'est que récemment, en faisant la paix avec ma neurodivergence et mon histoire personnelle, que j'ai vraiment compris pourquoi ces masques m'étaient si familiers et nécessaires... mais aussi comment me libérer de leur encombrante emprise.